Une conférence à l’IUT de Longwy : Prévention du cancer du testicule et sexologie
Temps de lecture : 15 mn
Dans le cadre d’un partenariat développé il y a deux ans avec l’association Movember Pays-Haut présidée par Stan Pierrat, coach sportif ; les élèves de Terminale Bac Pro ASSP ont assisté à une conférence-débat intitulée « La santé masculine et ses tabous : prévention, cancer et sexualité » animée par Stan Pierrat et Sébastien Landry le jeudi 7 novembre de 14h30 à 16h00 à l’IUT de Longwy-Haut. Sortie pédagogique organisée au sein du lycée professionnel par Nadine Philispart, professeur de STMS, cette conférence interactive tend à préparer à l’épreuve écrite de quatre heures du Bac Pro intitulée : « Réaliser des actions d’éducation à la santé pour un public ciblé, dans un contexte donné ». Accompagnés par Mme Arnould, Mme Banck, Mme Henry et Mme Philispart, le public a pu découvrir les thèmes développés ci-contre…
Stan Pierrat : de l’expérience patient à la sensibilisation-prévention
Qu’est-ce que MOVEMBER ?
https://www.movember-pays-haut.fr
Movember, mot-valise de Mouvembre est la contraction de mo (moustache) et de november (novembre en anglais) ! Ce mouvement date de 2003 et provient d’Australie où chaque année des hommes se laissent pousser la moustache afin de sensibiliser la population de vingt pays aux cancers masculins (prostate et testicule) sans tabou.
Le témoignage de Stan Pierrat
Après une première intervention de Sébastien Landry, sexologue clinicien – sur laquelle nous reviendrons – Stan Pierrat nous raconte son expertise de patient atteint d’un cancer du testicule à l’âge de trente ans en ayant vécu deux ans de traitement à raison de quatre cures de chimiothérapie.
Il s’appuie sur le modèle des étapes du deuil, décrit par Élisabeth Kübler-Ross pour analyser les différentes phases émotionnelles qu’il a traversées dans son parcours de lutte contre la maladie.
Du choc au déni et à la colère en passant également par la phase de dépression, Stan a fini par agir en se posant la question : « Que faire ? ». Dans son cheminement réflexif, il prend connaissance du mouvement international australien « MOVEMBER » qui milite pour la prise en compte des cancers masculins. Il s’engage dans la création d’une association Movember dans le Pays-Haut et en devient le président.
En 2023, le lycée, à travers l’équipe pédagogique de la filière ASSP, s’engage dans une collaboration avec l’association Movember. L’association a besoin de connaître les besoins de la population pour définir et cibler des actions d’informations et de prévention auprès du public des jeunes vivants dans le Pays-Haut. Il n’existait pas de données sur les besoins des jeunes en matière de cancer des testicules. Madame Françoise Vaisse, enseignante en STMS se saisit de cette opportunité pour permettre aux élèves de Terminale Bac Pro ASSP de travailler très précisément sur le recueil de besoins concernant le cancer des testicules qui touche plus particulièrement les hommes entre 15 et 35 ans, dans le cadre d’un projet d’éducation à la santé. Quatre élèves ont choisi de développer leur projet d’éducation à la santé en travaillant sur cette étape primordiale qu’est l’étude des besoins d’une population.
Un questionnaire est élaboré dans une démarche guidée par madame Vaisse et l’un de ses collègues d’enseignement général, monsieur Weber, lors des séances d’enseignement en co-intervention. Ce questionnaire a été validé par Stan et sera proposé aux lycéens lors de la journée d’éducation à la santé organisée au lycée avec nos partenaires définis en fonction des thèmes retenus par les lycéens : service de prévention de la CPAM, sage-femme du planning familial, Movember…
Les aspects techniques pour la diffusion du questionnaire et l’exploitation des résultats ont été réalisés par Stan qui a guidé les élèves dans la communication à déployer lors des échanges entre lycéens. 107 réponses ont été obtenues et l’analyse des résultats montre qu’il existe une méconnaissance de cette maladie qu’est le cancer des testicules et des actions à mettre en place pour le prévenir, comme l’autopalpation.
Il semblerait que cette action constitue une première en France : un questionnaire pour recenser les besoins des jeunes, élaboré par des jeunes !
C’est ainsi que l’association Movember décide de communiquer sur ce travail et organise une journée de prévention le 7 novembre 2024 dans les locaux de l’IUT de Longwy. Deux conférences interactives sont planifiées : l’une l’après-midi à destination des jeunes lycéens et l’autre en soirée pour un public d’adultes.
Au cours de la conférence, des questions sont proposées aux participants qui peuvent y répondre via un QR code qui analyse les réponses et restitue immédiatement les résultats. Ce qui suscite plus aisément des échanges entre le public et le conférencier.
Le message diffusé par Stan Pierrat met l’accent sur l’importance de la communication pour aborder sans gêne et sans peur notre corps en expliquant clairement les signes du cancer du testicule et comment en parler à ses proches, à son médecin traitant voire en faisant appel à l’association Movember Pays-Haut.
Un média belge : Moules Frites (https://www.o-yes.be/moules-frites/) consacré au bien-être et à la sexualité propose une vidéo pour l’autopalpation testiculaire :
Deux parties de la conférence étaient centrées sur l’éducation à la sexualité, question fréquente chez les jeunes atteints d’un cancer des testicules. Cette thématique a été développée par Sébastien Landry.
L’éducation à la sexualité : l’entrée et l’approche d’un spécialiste, Sébastien Landry
La sexualité
À partir de la question : « Quel mot vient à l’esprit quand on parle de sexualité ? », les lycéens participent à la réalisation d’un nuage de mots visible sur le grand écran !
Réponse : la sexualité est une sphère intime où le sentiment amoureux, le respect de soi et des autres, le consentement en sont les piliers.
Cela dit, si 97 % des hommes et 84 % des femmes se masturbent (sexualité la plus pratiquée), un quart des femmes de moins de 20 ans aiment être « forcées » et la violence semble appartenir au plaisir féminin.
À quoi cela peut-il être dû ?
La sexualité à l’heure de l’Internet et des images pornographiques
Si nous consultons la définition sur le site linternaute.com du terme pornographique (« Relatif à une approche fantasmée et obscène du sexe grâce à différents supports culturels, comme le cinéma, la littérature et tout autre mouvement artistique qui privilégie de préférence un contact visuel. »), l’érotisme n’est pas nouveau mais nous assistons à un phénomène d’hypersexualisation.
Des chiffres et des maux
Si nous avons jugé utile de vous transmettre ces données, c’est parce que tout ce flot de connexions montrant souvent des images empreintes de violence influence la sexualité : Sébastien Landry reçoit de plus en plus de patients jeunes (surtout des trentenaires). Le porno suscite une excitation très importante, le cerveau réfléchit moins et cela peut conduire à des comportements violents et irrespectueux car il peut y avoir des répercussions sur les pratiques personnelles et tout ça déplaît à pas mal de partenaires. La performance sexuelle conduit entre autres à la simulation d’un orgasme pour 70 % de femmes hétérosexuelles et la sexualité des jeunes a beaucoup diminué. Certains couples estiment leur sexualité ennuyeuse s’ils songent à des scènes de diverses catégories vues sur un écran. Bref, nous assistons à l’émergence de troubles dans la sexualité. La France est le 3ème pays à consommer des images pornographiques derrière les Philippines et les États-Unis d’Amérique. N’oublions pas que le porno est ce qui reste le plus consulté sur la toile… Certes, il existe du porno éthique mais il est payant.
Ainsi, nous remarquons une cybersexualité passive très fréquente (consommation) et une cybersexualité active (interactions avec des photographies, des vidéos et des sextos échangés). Or de la cybersexualité au cyberharcèlement, il n’y a qu’un pas avec par exemple le revenge porn (se venger d’une personne en publiant des images privées). Sachez que vous pouvez porter plainte.
Pensez aussi à mesurer les conséquences de vos actes dans votre existence future si des images personnelles circulent sur la toile car il est parfois difficile d’effacer toutes les publications. Pensez à vos enfants qui pourraient découvrir ces images.
Au fond, la pornographie n’est pas le reflet de la sexualité mais alors, que faire pour lutter contre tous ces tristes ravages (trop de porno et trop tôt) dus à cette industrie, ce marché de la pornographie ?
Une éducation au CONSENTEMENT ou « Sans OUI c’est NON »
La majorité sexuelle est désormais fixée à 15 ans. Ainsi, le CONSENTEMENT est OBLIGATOIRE sinon cela constitue une agression sexuelle ou violence (attentat à la pudeur, acte sexuel forcé sans pénétration) ou un viol (toutes les formes de pénétration sans consentement dans ou hors du mariage ou relation).
Pour dire les choses clairement, la notion de consentement est l’expression d’un OUI franc, c’est-à-dire d’un CHOIX LIBRE ET VOLONTAIRE ! Aussi, faut-il apprendre à dire NON, condition de la liberté…
En guise de conclusion, la communication est la clef pour préserver sa santé et sa personnalité. Le travail de ces deux intervenants en est la démonstration.
Le lycée professionnel Darche tient à remercier toutes les personnes de l’IUT pour leur accueil et tout particulièrement Stan Pierrat et Sébastien Landry car dans les champs de la prévention à la santé et des cours d’éducation sexuelle, la parole authentique de spécialistes est essentielle.
Texte de Laurence Banck, documentaliste ;
Françoise Vaisse et Nadine Philispart
Photographies de Nadine Philispart
Mise en page, relecture et corrections par Jean-Raphaël Weber
Article transmis à Stan Pierrat pour son projet