Laura René, sous les sunlights des tropiques, au Lycée Darche
La dame a rejoint l’équipe pédagogique d’ASSP du Lycée Darche en septembre dernier. Une belle rencontre avec une enseignante très sympathique venue de… Martinique, pour effectuer en France métropolitaine et… en Lorraine, son année de stage en tant que professeure de BSE (Biotechnologies, Santé, Environnement) ! On peut aisément imaginer les « décalages » culturel et météorologique lors de l’ « atterrissage » à Longwy ! Laura René a gentiment accepté l’invitation à un entretien très instructif dont on peut lire ci-dessous le contenu.
RESSOURCES HUMAINES
– Bonjour Laura, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Laura René, j’ai 42 ans, j’habite à Metz en ce moment et je suis originaire de Martinique.
– Quel est ton parcours ? Qu’as-tu suivi comme études ?
J’ai passé un bac S au Lycée Victor-Schœlcher à Fort-de-France. Après une maîtrise de Biochimie suivie à Rennes, j’ai poursuivi à Toulouse, en master Recherches à l’INP-ENSAT (école nationale supérieure agronomique de Toulouse), avec l’intitulé suivant : « Élaboration de la qualité alimentaire ».
Comme je me suis rendue compte que préparer une thèse pour un doctorat n’était pas forcément mon « truc », j’ai ensuite bifurqué en master professionnel : « Maîtrise et utilisation des micro-organimes », à nouveau à l’Agrocampus de Rennes.
Je suis rentrée ensuite en Martinique où j’ai débuté en tant que technicienne de laboratoire de micro-biologie pendant trois mois. Puis j’ai obtenu un poste de responsable de QHSE (qualité, hygiène, santé, sécurité, environnement) dans l’industrie agro-alimentaire, pendant quatre ans chez Délices Locales.
Et après cela, je suis passée en restauration rapide toujours en tant que chargée QHSE multi-exploitations pendant huit ans au siège de Élizé Restauration situé à Ducos.
Suite à une rupture conventionnelle de contrat, j’ai passé l’an dernier le concours du CAPLP (NDLR : certificat d’aptitude au professorat de lycée professionnel) – BSE (Biotechnologies, Santé, Environnement) et j’ai été affectée en tant que professeure stagiaire dans l’académie de Nancy-Metz et plus précisément au Lycée Darche de Longwy !
– Pourquoi as-tu choisi de devenir enseignante de BSE, après ce parcours professionnel déjà conséquent, dans le secteur du privé ? Comment es-tu arrivée à ce poste d’enseignante ?
Devenir enseignante a toujours fait partie de mes ambitions. Et c’est vrai que la rupture conventionnelle de contrat a été l’occasion de me décider à passer le concours.
Le CAPLP BSE se trouve être dans la continuité des postes occupés auparavant dans le secteur privé.
– Le CAPLP BSE est-il difficile à obtenir ? Y a-t-il beaucoup de postes à pourvoir chaque année, à l’échelon national ?
Je dirais que non pour la partie admissibilité. En revanche, la partie admission requiert une bonne connaissance des référentiels en vigueur.
Et pour cette année, il y avait environ 200 postes à pourvoir.
– Comment es-tu arrivée parmi nous ?
Les résultats de l’affectation pour les académies sont sortis le 20 juillet 2020. J’ai donc dressé une liste des établissements professionnels susceptibles de m’intéresser en fonction des filières et des diplômes qu’ils préparaient. Et le Lycée Darche faisait partie de la sélection en raison de son CAP Cuisine. Ensuite, les vœux ont été publiés le 11 août 2020, avec mon affectation au Lycée Darche. C’est donc à compter de cette date que j’ai su que j’enseignerai à Longwy !
– Le choc n’a-t-il pas été trop « rude », en arrivant à Longwy ?
… (rires) Oui et non ! Oui parce qu’il fallait que je quitte ma famille et non parce que finalement, la ville de Longwy correspondait à l’une de celles des établissements choisis lors de mes vœux.
Je me sentais déjà proche de la Lorraine par rapport à la bière produite en Martinique par la société Brasserie Lorraine ! Et puis au moment du Carnaval, chez nous, on a coutume de chanter : « En passant par la Lorraine… » (rires aux éclats).
– Avais-tu des a priori sur notre région, avant d’arriver chez nous ?
Non pas du tout ! Au contraire, comme j’avais effectué précédemment mes études dans la région Ouest (à Rennes, en Bretagne), j’étais plutôt partante pour explorer une nouvelle région française !
Qui dit : « nouvelle région » dit : nouvelles saveurs, climat différent et donc pas d’a priori !
– Peux-tu nous parler de ta formation à l’INSPÉ ?
C’est un passage obligé puisque durant l’année de stage, on doit alterner les cours entre l’INSPÉ à Nancy et les cours donnés dans le lycée d’affectation. La formation a été relativement soutenue avec des nouvelles disciplines comme la didactique, d’autant plus que j’ai demandé la validation du master MEEF « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation ».
– Quels souvenirs garderas-tu de notre territoire et de ton passage en Lorraine ?
Je ne garderai que de bons souvenirs de mon passage à Longwy et en Lorraine, particulièrement l’épisode neigeux d’un certain 15 janvier 2021 où j’ai enfin pu marcher dans une couche de neige conséquente !
– Quelles différences culturelles et autres… y as-tu notées par rapport à ta région ?
J’ai trouvé en Lorraine des gens accueillants, souriants et ouverts d’esprit, que ce soit à Nancy, Metz ou Longwy. De fait, je me suis sentie comme chez moi !
– En ce qui concerne la cuisine, as-tu découvert certains plats chez nous ?
… (rires) Oui, les mirabelles ! Mon premier dessert a dû être la tarte aux mirabelles ! Avec le déconfinement, je vais bientôt tester la quiche lorraine, la vraie, sans fromage à l’intérieur !
– Comment c’est chez toi en Martinique ?
(rires) Comment formuler quelque chose sans tomber dans les clichés du soleil et des plages ?
Chez moi, c’est la joie de vivre, comme en Lorraine ! Avec des personnes souriantes et accueillantes !
Zoom sur la Martinique… Fiche de renseignements :
Sources : Wikipédia
– Situation géographique : mer des Caraïbes, archipel des Petites Antilles
– Statut : collectivité territoriale unique
– Chef-lieu : Fort-de-France
– Distance par rapport à la France métropolitaine : 6 850 km (entre Fort-de-France et Paris)
– Superficie : 1 128 km2
– Population : 368 783 hab. (au 1er janvier 2018)
– Densité : 327 hab./km2
– Langues locales : Français (officielle) et Créole martiniquais
– Année de rattachement à la France : 1635
– Économie : agriculture (banane, rhum, canne à sucre, ananas), tourisme
– As-tu un loisir particulier, des hobbies ?
J’aime beaucoup la cuisine ! Je suis une adepte du batch cooking (organiser les plats en cuisine pour gagner du temps en semaine) et je me suis découvert une nouvelle passion ; le dessin et plus particulièrement le sketchnote ou sketchnoting depuis quelques semaines.
– C’est quoi au juste le « sketchnote » ?
C’est le fait de prendre des notes avec de l’écriture et des dessins. C’est la facilitation graphique.
– Comment as-tu découvert cela ?
Je l’ai découvert par le biais des ateliers Canopé virtuels lors du deuxième confinement. Je cherchais alors un outil facilitant la prise de notes des élèves et favorisant la mémorisation.
– Quel est le dernier livre que tu as lu ? Des lectures à conseiller à nos lecteurs ?
J’ai lu récemment le livre : Développer la capacité d’apprendre (1991), de Jean Berbaum, dans le cadre de la rédaction de mon mémoire de fin d’année de stage.
Mais j’aime aussi beaucoup les podcasts et en ce moment, j’écoute : A Promised Land, écrit et lu par Barack Obama en personne !
– Quand on évoque le Lycée Darche, y a-t-il des mots qui te viennent spontanément à l’esprit ?
(rires) Une ancienne caserne militaire et une grande famille (rires).
– Et quelles nouvelles, pour septembre prochain ?
À mon grand étonnement, j’ai obtenu l’académie de Martinique pour mes vœux d’affectation. Je suis actuellement dans l’attente des résultats pour mes vœux d’établissement.
– Un grand merci Laura pour cette belle rencontre, ce témoignage sur ta personnalité et ton nouveau métier qui s’ouvre à toi ainsi que pour le sourire que tu affiches toujours, même derrière ton masque anti-Covid ! Et bien le bonjour à nos amis ultra-marins de Martinique !
Interview préparée, propos recueillis
le 31 mai 2021
photographies et mise en page
par Jean-Raphaël Weber
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