Gérer les PFMP d’ASSP en pleine crise sanitaire
Gérer les PFMP des élèves du lycée n’est pas chose aisée depuis l’apparition de la crise sanitaire liée à la Covid-19. L’équipe pédagogique du pôle d’ASSP s’y est employée à deux cents pour cent – à grand renfort de patience, de coups de téléphone et de courriels – pour trouver un lieu de formation à TOUS les jeunes et ne laisser personne « sur le carreau ». Récit de Nadine Philispart (enseignante de STMS) qui dresse l’état des lieux de la situation avec des explications claires et précises afin de répondre notamment aux interrogations des parents…
Depuis la rentrée du lundi 2 novembre dernier, 57 élèves d’ASSP (accompagnement, soins et services à la personne) du lycée professionnel Darche se retrouvent en PFMP – traduire : « période de formation en milieu professionnel » – avec une répartition de 27 élèves de Terminale Bac Pro option : « en structure » partis pour quatre semaines et avec 30 élèves de l’une des deux classes de 2nde Bac Pro indifférenciée, en stage pour trois semaines.
Comme à l’accoutumée, les structures d’accueil avaient validé les affectations des jeunes et cela dès le vendredi 2 octobre 2020. Les élèves avaient reçu leur convention de stage pour signature, dès le lundi 9 octobre, soit deux semaines avant les vacances de la Toussaint… Rien d’exceptionnel puisque la situation sanitaire globale était alors sans particularité notable, avec quelques aménagements de dernière minute…
Objectif : permettre à chaque élève de bénéficier de sa PFMP !
Avec l’évolution du contexte sanitaire, il a fallu trouver des solutions au cas par cas avec des partenaires engagés et à l’écoute des besoins des élèves, pour un objectif essentiel ; celui de permettre à chaque élève de se former en PFMP !
À la suite de l’allocution du président de la République le mercredi 28 octobre dernier face à la deuxième vague de l’épidémie, différentes structures ont eu le regret d’annuler leur possibilité d’accueil en milieu professionnel. Les raisons invoquées étaient soit la présence de malades de la Covid parmi les résidents, d’où un risque biologique pour les élèves – ou parmi le personnel – d’où une impossibilité d’offrir un encadrement de qualité pour former les élèves.
Au 3e jour de PFMP, sur 27 élèves de Terminale Bac Pro, 12 ont changé de lieux de PFMP au moins une fois, 2 au moins deux fois et 1 élève au moins trois fois, soient au total 44 places de PFMP sollicitées…
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Interrogée sur la situation dans la classe de 2nde Bac Pro dont elle a la charge, en tant que professeure principale, Catherine Ragazzi (enseignante de STMS) fait le constat suivant :
« Sur trente élèves de 2nde Bac Pro, cinq n’avaient plus de lieu de PFMP. Nous avons donc étudié l’enjeu de leur formation et de leur PFMP. Trois d’entre eux ont choisi de découvrir le milieu du secteur à domicile. Les deux autres élèves seront accueillis en école maternelle. Nous tenons à souligner l’engagement de nos partenaires qui répondent présents même lorsqu’ils sont sollicités au dernier moment.
Aujourd’hui (NDLR : le 4 novembre 2020), une autre élève a eu une rupture de PFMP pour cause de Covid. La période est complexe et, élèves, enseignants et lieux d’accueil devons nous adapter à ces nouvelles situations. »
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Si en classe de Terminale Bac Pro, la stratégie de formation reposait sur le choix de PFMP auprès d’adultes (en structures pour personnes âgées ou en situation de handicap), pour permettre aux élèves de préparer leurs certifications finales, la nécessité d’obtenir un accueil en stage a fait évoluer cette décision vers le secteur de la petite enfance, avec les crèches et les écoles maternelles, et pour la première fois – pour des élèves en option : « en structure » – vers le secteur de l’aide à domicile. Et en moins d’une demi-journée, une solution de PFMP était à nouveau proposée à chaque élève en difficulté de stage…
Cette analyse montre à nouveau combien les structures médico-sociales et les écoles maternelles du Pays-Haut avec lesquelles nous sommes partenaires – que ce soit depuis de longues années ou plus récemment – sont engagées dans la formation de nos élèves.
Nous les en remercions chaleureusement !
Trois structures d’accueil parmi toutes celles
ayant accepté nos élèves en PFMP
Des parents qui s’interrogent mais qui nous font confiance
Bien sûr, pour un parent, le fait d’envoyer son enfant en PFMP auprès d’adultes dépendants ou de petits enfants constitue une source d’angoisse… Les parents ont aussi compris l’enjeu de la PFMP pour leurs enfants appelés à devenir de futurs professionnels de ces secteurs…
« Oui, ma fille est actuellement en PFMP dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et croyez-moi, je n’ai pas plus peur que pour mes deux garçons en internat dans des CFA de plus de 600 personnes… » m’expliquait l’autre jour par téléphone Mme P., maman d’une élève de Terminale… et de continuer : « Elle a choisi cette formation, et bien qu’elle ne sache pas encore quoi faire après son bac – mais c’est une autre histoire – elle est bien car elle se sent utile ! donc nous, on la suit… »
« Mais moi, je veux être en PFMP ! »
C’est aussi le sentiment général des élèves… En effet, qu’il s’agisse de la première PFMP de la première année ou de la dernière année de formation, aucun élève n’a refusé d’entrer en période de formation en milieu professionnel.
Catherine Ragazzi se félicite de l’engagement des élèves de 2nde Bac Pro ASSP. Elle explique que les élèves soumis au confinement l’année passée ont probablement pris conscience de l’enrichissement personnel apporté par l’école en général et en particulier, par une formation professionnelle choisie. Elle déplore le fait que nous n’ayons pas été en capacité d’accompagner les élèves de 3e dans leur découverte de la voie professionnelle et de la filière sanitaire et sociale. Elle avance enfin l’hypothèse que peut-être, nos jeunes éprouvent le besoin de trouver un sens à la situation actuelle et qu’ils cherchent à agir à leur niveau !
Ilyana, une élève inscrite en Terminale Bac Pro ASSP confie par ailleurs :
« Je suis très contente car ma structure de stage au Luxembourg, qui prend soin de personnes âgées, m’a demandé hier si je pouvais travailler en 12 heures. L’équipe soignante envisage en effet, de modifier ses horaires de travail pour faire face aux arrêts maladie et permettre à chacun d’eux, de souffler entre deux postes.
Ils auraient pu décider d’annuler mon stage, mais ils ont fait le choix de me proposer de continuer avec eux ! Je me sens intégrée à l’équipe et j’ai envie de faire du mieux possible. »
Si tous les élèves de Terminale Bac Pro ASSP ont à ce jour, une place de PFMP valide, 9 d’entre eux sont actuellement chez eux, pour des raisons communes comme un doigt cassé ou une entorse à la cheville, mais surtout dans l’attente d’un résultat de test Covid ou en raison d’un isolement sanitaire. Pour eux, toute l’équipe pédagogique se mobilise afin que leur formation se poursuive au mieux à distance.
Nadine Philispart,
enseignante de Sciences et Techniques Médico-Sociales et
professeure principale de la classe de Terminale Bac Pro ASSP D
ce 4 novembre 2020
Photographies de Jean-Raphaël Weber