Romuald Sanlis chef à Darche depuis un an
Le jour de la pré-rentrée scolaire, le 31 août 2018, de nombreuses « nouvelles têtes » sont apparues lors de la réunion des personnels qui s’est tenue au Foyer du Lycée Darche. Parmi elles, celle d’un nouveau professeur d’Organisation et Production Culinaire ; M. Romuald Sanlis. Un homme au parcours professionnel atypique dont le portrait réalisé l’an dernier est à lire ci-dessous…
RESSOURCES HUMAINES
– Bonjour Romuald, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Romuald Sanlis, j’ai 36 ans, j’ai trois enfants et je suis prof de Cuisine depuis deux ans. En fait, je suis un « ancien » du privé. J’ai travaillé uniquement dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.
– Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?
J’ai d’abord passé un CAP-BEP Restaurant et un CAP-BEP Cuisine. Ensuite, j’ai suivi une filière d’adaptation pour un Bac Techno et enfin, un BTS Génie culinaire Arts de la table. J’ai commencé à travailler en tant que commis de cuisine puis j’ai gravi au fur et à mesure tous les échelons du métier pendant quinze ans pour arriver à un poste de responsable de production au Center Parcs du domaine des Trois Forêts à Hattigny en Moselle où je gérais 5 restaurants et 62 cuisiniers.
Comme je ne voyais pas beaucoup mes trois enfants et que j’avais déjà formé de nombreux apprentis, j’ai donc décidé de rentrer dans l’Éducation nationale.
Après six mois passés au Lycée Alain-Fournier de Metz, en tant que contractuel, j’ai obtenu mon concours du premier coup et j’ai repassé dans la foulée un Master de l’enseignement.
Au bout d’une année effectuée à Contrexéville au Lycée Professionnel Pierre Mendès France en tant que professeur stagiaire, j’ai eu l’opportunité de venir enseigner à Longwy au Lycée Darche et je ne regrette vraiment pas mon choix.
– Qu’est-ce qui te plaît, dans le métier d’enseignant ?
C’est le contact avec les jeunes… Se dire qu’on va pouvoir influencer leur avenir, qu’on va aider à la formation de futurs citoyens et qu’on participe – à notre petit niveau – mais de manière active à l’avenir de notre pays.
– Quelles différences as-tu ressenties entre le secteur du privé et celui de l’École ?
J’ai dû réapprendre le mot : « bienveillance ». Ici, nous n’avons pas de pression d’objectifs à atteindre comme dans le privé où : « Plus tu travailles, plus tu fais, plus tu gagnes de l’argent ». Ici, l’objectif n’est pas de gagner de l’argent mais il consiste à faire réussir quelqu’un d’autre ; en l’occurrence l’élève.
– Et comment fais-tu concrètement pour y parvenir ?
À l’École, en tant qu’enseignant, il m’a fallu réapprendre de nouvelles méthodes de management non plus basées sur les récompenses financières – comme dans le privé – mais sur des satisfactions intellectuelles et de bien-être permettant à l’élève d’y trouver son plaisir.
– As-tu une anecdote particulière à nous raconter en ce qui concerne ta « courte » carrière d’enseignant ?
Durant la période au cours de laquelle j’étais contractuel, au Lycée Alain-Fournier de Metz, j’ai eu une élève très difficile qui était violente avec de nombreux problèmes personnels et autres. Une bonne partie de l’année a été très difficile entre nous et en fin d’année, elle est venue me voir en me remerciant parce que – sans qu’elle ne le sache – j’étais allé au tribunal afin d’intervenir en sa faveur. Dès lors, nous avons gardé le contact et à présent, elle est en train de réussir sa vie.
– Quels sont tes projets professionnels à court terme ?
Je souhaite rester ici, à Darche en tant qu’enseignant, afin de transmettre un maximum de connaissances mais aussi d’apprendre et de me perfectionner dans le métier de prof.
– Et à long terme ?
À long terme, j’aimerais pouvoir passer par la suite le concours de chef d’établissement.
– Carrément ! Et pourquoi ?
Tout simplement parce que j’ai toujours gardé une âme du manager héritée du privé et la relation employeur-employés me manque… Si je veux rester au contact des jeunes et continuer ma carrière (car je pense que prof n’est pas une fin en soi), cela reste un poste plus qu’intéressant ! Et pourquoi pas – avant le métier de proviseur – celui de DDFPT (*) parce que cela reste le poste le plus proche de l’enseignant et le plus compliqué en termes de gestion du personnel et professionnelle.
– Pour revenir au métier de cuisinier, pour toi, c’est quoi, un « bon professionnel » ?
C’est une personne qui sait rester humble, qui est motivée et qui sait où elle veut aller.
C’est quelqu’un qui ne compte pas ses heures et qui n’a pas peur de commencer petit pour arriver grand. Mais c’est également une personne qui rêve au fait qu’elle a un objectif à atteindre et qui va surtout se donner les moyens d’y parvenir.
– Quels sont les premiers mots qui te viennent à l’esprit lorsque l’on parle du Lycée Darche ?
L’esprit d’équipe, l’accueil, la gentillesse et l’organisation.
– Quel(s) conseil(s) pourrais-tu donner aux jeunes qui vont nous lire ?
Rêver ! Aujourd’hui, lorsque j’interroge mes élèves pour savoir ce qu’ils veulent faire de leur avenir, le premier mot qui leur vient aux lèvres est : « cuisinier ». De mon temps, on rêvait de devenir chef de cuisine, d’ouvrir son restaurant, de faire carrière, de voyager et de voir du pays. Et surtout de se donner les moyens de réaliser ses rêves. Ce doit être comme cela que ça devrait fonctionner !
Aujourd’hui, j’ai l’impression que la seule chose qui intéresse les jeunes est d’apprendre un métier !
– As-tu une passion, un hobby particulier ?
Oui, j’en ai un… Je pratique la moto, j’aime beaucoup faire de grandes balades à moto, sur les petites routes de campagne, les rallyes motos. Chaque année, je participe également à : « Une Rose Un Espoir – Le cœur des motards » ; une manifestation qui consiste à vendre des roses, à moto, sur la voie publique, au profit de la lutte contre le cancer. Une autre opération à laquelle je prends part s’appelle : « les Pères Noël motards » : un rallye dont les bénéfices sont utilisés au profit de l’achat de cadeaux pour les enfants hospitalisés, dans le Lunévillois.
(*) DDFPT = Directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques, (ex-Chef des travaux, dans un lycée professionnel)
– Un grand merci Romuald pour cette rencontre et ce témoignage d’un parcours très riche d’expérience professionnelle ! Et le meilleur pour l’avenir !
Interview préparée et propos recueillis par Jean-Raphaël Weber
le 17 décembre 2018