Prix du « Jeune Bénévole 2018 » pour Lucas

Ce samedi 29 septembre 2018, Lucas Pfalz (Terminale CAP Cuisine) a reçu le Prix du « Jeune Bénévole 2018 », lors d’une cérémonie officielle organisée par la Fédération Française des Médaillés de la Jeunesse, des Sports et de l’Engagement Associatif. C’était dans la salle du Conseil de la mairie de Herserange. Ce geste rend hommage à l’engagement citoyen de Lucas au sein du Lycée Darche. On pourra découvrir ci-dessous le témoignage qu’il nous a livré lors de l’entretien qui a suivi cet heureux événement.

 

ENGAGEMENT CITOYEN

 

– Bonjour Lucas !

– Quel effet cela t’a-t-il fait d’être « sous les feux de la rampe », samedi dernier à la mairie de Herserange, face à un public venu pour rendre hommage à ton engagement citoyen ?

Ça fait bizarre de se faire applaudir pour des choses qui viennent du cœur, des choses que je fais naturellement ! Ce sont des choses que j’ai la volonté de faire, que j’ai coutume de faire, puisque j’ai l’habitude de tendre la main aux autres.

 

– Peux-tu nous raconter rapidement ton parcours ?

Avant de venir à Darche, j’étais au collège privé de l’Assomption à Briey. Je m’y faisais « piétiner » par les autres depuis la classe de 6e, de par mes problèmes de dyslexie, de dyspraxie et de dysorthographie. J’ai réussi à affronter cela d’une autre manière que celle, plus classique du face à face. Ma façon de faire a plutôt consisté à aider les autres, à rendre les choses meilleures, à aider les gens avec des problèmes.

 

– En faisant quoi ?

En faisant du soutien personnel… Par exemple, moi qui suis dyslexique, j’arrive à identifier les problèmes de dyslexie chez quelqu’un. Ainsi, je prenais du temps libre avec cette personne et je lui expliquais comment écrire correctement. Et au bout du compte, les gens qui me piétinaient, qui se moquaient de moi ont changé et sont devenus des amis, des camarades respectés et respectables. Il m’est aussi arrivé d’intervenir auprès d’enseignants en les aidant à cerner des problèmes chez des élèves, en leur montrant les difficultés rencontrées par les camarades handicapés dans leur pratique de la langue.

 

– Quels sont tes projets professionnels ?

Je voudrais devenir gestionnaire dans un hôtel, avec une brigade à gérer et tout ce qui s’ensuit.

 

– Quelles ont été les actions que tu as menées depuis que tu es scolarisé au Lycée Darche ?

Je suis devenu délégué de classe, ce qui a été relativement simple à réaliser. Par la suite, j’ai rejoint le CVL (Conseil de la vie lycéenne) en tant que membre. Cela m’a ouvert les portes des autres instances du lycée comme le Conseil d’Administration et le Conseil de discipline. Naturellement, j’ai entrepris le chemin vers la MDL (Maison des lycéens). Je m’y suis présenté en tant que trésorier et j’y ai été élu. D’ailleurs, à ce propos, nous y avons collé cette devise : « La rumeur jusqu’aux réseaux sociaux. »

 

– Peux-tu nous éclairer à ce propos ?

Cela veut dire que toutes les rumeurs méchantes que l’on entend dans les cours, ici et là peuvent agir de façon négative jusqu’aux réseaux sociaux. Par exemple, le fait de prendre la photo d’un camarade qui se trompe dans la conjugaison d’un verbe… Certes, c’est dommage qu’il n’ait pas réussi à bien conjuguer le verbe mais cela n’est pas une raison pour se moquer de lui !

 

– Peux-tu citer une action précise et concrète de la MDL ?

Étant donné que le lycée a obtenu le label Éco-École, nous soutenons ce projet. Par exemple, s’il fallait faire un petit don de 50,00 € pour acheter des poubelles recyclables, nous y participerions volontiers en attribuant une subvention.

Je pense que la MDL peut également servir à soutenir des élèves en difficultés en classe, en organisant par exemple des séances de soutien, épaulés par d’autres élèves solidaires.

 

– Pourquoi t’es-tu investi de cette manière ?

C’est venu naturellement, je ne me suis pas forcé à me dire : « Demain tu aideras les gens, en fait, c’est mon caractère qui fait que je me tourne vers les autres. »

 

– Une telle posture n’a pas toujours dû être facile à adopter, dans le milieu scolaire ? Non ?

Oui, j’ai souvent été un bouc-émissaire pour mes camarades, ils pensent et ont pensé que je faisais cela par calcul, pour me faire bien voir par les profs et certains élèves. Ainsi, j’ai subi des insultes et des moqueries à tout-va, par des personnes qui ne comprenaient pas ce que je faisais. Mais je fais cela uniquement pour aider les autres, par mon caractère – et j’aime bien ce caractère-là.

 

– Ça va mieux, maintenant ?

Oui tout à fait, les gens ont pris conscience du sens de mon action et je suis fier de faire cela.

 

– As-tu un message particulier à transmettre par le biais de cette interview ?

Je remercie ma mère pour l’éducation qu’elle m’a donnée. Je pense aussi à ceux qui tendent la main aux autres, qu’ils n’aient pas peur et ne se cachent pas… ou même à ceux qui cherchent de l’aide, parce qu’on en a toujours besoin, n’importe quand et n’importe où…

 

– Qu’est-ce que cet engagement pourrait t’apporter pour ton avenir ?

Cet engagement m’apporte de la joie, de la fierté de voir certains élèves réussir avec l’aide que j’ai fournie.

 

Je te remercie pour cette rencontre.

Et la presse locale en parle aussi…
Source : Le Républicain Lorrain du 9 octobre 2018

 

Propos recueillis par Jean-Raphaël Weber,

sous le regard bienveillant de Véronique Ravenda